Suite à la délicate situation financière des régimes de retraite complémentaires –contestée par personne – les négociations AGIRC ARRCO entre les organisations patronales et syndicales viennent de s’achever.Le patronat, la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC sont parvenus à s’entendre sur un accord qui sera très douloureux pour les salariés. En voici les principales caractéristiques :
Un report de l’âge légal… qui ne dit pas son nom.
Cet accord prévoit un mécanisme de bonus et malus sur les retraites complémentaires. A partir de 2019, un salarié né en 1957 ou après remplissant les conditions pour toucher sa retraite de base à taux plein à 62 ans aura le choix entre plusieurs options :
- soit il arrêtera de travailler et sa pension complémentaire sera diminuée de 10 % pendant au moins deux ans (peut-être trois si la situation financière des régimes le justifie) ;
- soit il restera sur le marché du travail jusqu’à 63 ans, auquel cas le malus ne s’appliquera pas.
- Soit il prolongera sa carrière d’une, deux ou trois années supplémentaires et touchera un coup de pouce (de 10 % à 30 % de sa retraite complémentaire) mais uniquement pendant un an !
Les retraités les plus modestes ne seraient pas soumis à la décote.
Le gel de la revalorisation des pensions…
L’accord entérine une revalorisation des pensions à hauteur des prix – 1 % avec une clause « plancher ». Cela signifie que si l’inflation, comme le prévoient nombre d’économistes reste faible dans les trois prochaines années, ce sera un gel du niveau des pensions. Celui-ci est déjà en œuvre depuis 2013, date du dernier accord sur les retraites complémentaires.
Les salariés financeront cet accord à 95 % !
- Ces mesures très douloureuses pour les salariés et les retraités (6 milliards) ne suffiront même pas à financer le déficit (le besoin est de 8,7 milliards en 2020).
- En contrepartie, le Medef propose de mettre 300 millions de cotisations sur la table. Cette augmentation sera compensée par une baisse des cotisations ATMP (accident du travail, maladie professionnelle). C’est la définition même de l’accord « donnant donnant » version gouvernementale.
La CGT n’a pas été entendue et condamne un accord lourd de menaces pour les futurs retraités.
La CGT a fait des propositions immédiates et chiffrées dès le début de la négociation, permettant de dégager de nouvelles ressources pour maintenir les droits à travers, notamment, deux propositions phares :
- une augmentation de la cotisation AGIRC pour financer le régime qui en a le plus besoin, ce qui représente 7 euros par mois pour un salaire de 4 000 euros bruts et un apport de 2 milliards d’euros dès 2016 ;
- une contribution transitoire versée par les entreprises qui ne respectent pas l’égalité salariale femme – homme et dégressive en fonction des efforts réalisés. Apport de 5,7 milliards d’euros dès 2016.
Cet accord est particulièrement dur pour les femmes qui liquident leurs droits à retraite 8 mois après les hommes, qui perçoivent des pensions amputées de 40% à l’ARRCO et 60 % à l’AGIRC par rapport aux hommes.
La mise en œuvre de cet accord ne produira tous ses effets qu’à partir de 2019 : la CGT appelle tous les salarié(e)s et les retraité(e)s à intervenir pour imposer des alternatives de progrès.
Seule la solidarité nous garantit une retraite décente !