Le Directoire de la CEMP vient d’annoncer une nouvelle saignée prévue dans le nombre d’agences et dans les effectifs sur l’autel du manque à gagner de PNB et de la digitalisation. Quelle pertinence dans le choix des dirigeants de la CEMP ? Quel devenir des salariés de la CEMP pour leur emploi et leurs conditions de travail ? Quel service à la clientèle ?
La saignée continue…
La direction de la CEMP a présenté – en information – au comité d’entreprise du 17 Novembre 2016 le projet trajectoire 2020. Ce projet prévoit 35 fermetures d’agences et 120 ETP de moins sur le cycle 2018-2020 après les 20 fermetures d’agences et 35 ETP en moins du plan stratégique 2014-2017 pas encore terminé.
Pour le Directoire, la persistance des taux bas, le manque à gagner de PNB (50 M€ sur 2015-2020) et la course à la digitalisation sont les raisons de ce plan qui sera décliné quel que soit l’évolution économique.
Pour pallier cette baisse attendue de revenus, la recette est connue :
- Réduire les frais de gestion en fermant des agences et en supprimant des ETP (82 en BDD, 8 en BDR, 30 en support). Les « départs naturels » doivent y aider.
- Intensifier la relation à distance de la clientèle d’ici 2020.
Réduction des agences et des effectifs : quelle logique ?
Sur la décennie 2010-2020, la CEMP aura fermé 30% de son parc d’agences et supprimé plus de 150 emplois (9% de l’effectif). Selon les chiffres de la Banque centrale européenne (BCE), le nombre d’agences de 2011 à 2015 a baissé de 15% dans l’Union Européenne et de 2.25% dans l’hexagone.
Les effectifs des groupes bancaires mutualistes (Crédit Agricole, Crédit Mutuel, BPCE) sont plutôt stables. Jusqu’à présent les réseaux d’agences restent d’un niveau égal en caisse d’épargne comme en Banque Populaire. Si la réduction d’effectifs en banque se poursuit depuis quelques années, elle est plus modérée depuis 2013. Depuis, la réduction se situe en moyenne à 0.6% par an.
Les mutualistes revendiquent fortement la proximité et l’ancrage local.
Pourquoi la CEMP fait un autre choix et réduit sensiblement son maillage territorial et sa force commerciale alors que le plan digitalisation n’est même pas encore déployé au sein du groupe ?
Quelle est l’incidence de la perte de clientèle liée à la fermeture d’agences et à la réduction d’effectif sur le long terme ?
Pourquoi maintenir absolument un résultat net annuel pour les années à venir au-delà de 70 M€ alors que ce résultat n’a jamais atteint ce niveau jusqu’à ce jour ? A quel prix pour les salariés leurs salaires et le service à la clientèle ?
Digitalisation et maillage s’opposent-ils ?
Les directions opposent le développement du numérique aux agences bancaires physiques et assènent l’argument massue : les clients viennent de moins en moins à l’agence. Certes… mais la fermeture d’agences en zone rurale ne fait qu’amplifier le phénomène et profite à la concurrence présente sur ces zones qui se désertifient.
Pourquoi la digitalisation ne pourrait pas venir en complément du réseau d’agences ?
La CGT considère que l’entrée en relation bancaire se fait d’abord et avant tout par le contact et la relation humaine. Une fois celle-ci crée, elle peut être effectivement entretenue à distance. Pour créer une relation, encore faut-il être présent !
Et si la saignée amplifiait le mal ?
La CGT est très inquiète sur la conduite du changement opérée par la CEMP. Le dossier présenté ne nous apporte aucun élément sur la période de transition des conditions de travail des salariés de la CEMP.
Nous avertissons régulièrement le Directoire sur l’explosion de votre charge de travail, les récurrents problèmes d’effectifs et votre état de fatigue quel que soit le poste occupé.
« Le monde bouge, la banque d’aujourd’hui ne sera pas celle de demain ». Telle est la réponse de la Direction.
Mais derrière tout ça, il y a des hommes et des femmes, il y a des collectifs de travail qui souffrent et qui se demandent comment demain ils pourront digérer la surcharge de travail et l’évolution de leur métier.
